La table ronde du 13 février a donné la parole à une dizaine de romanciers (renata ada-ruata, emna belhaj yahia, rafik ben salah, lamia berrada, azza filali, alia mabrouk, saber mansouri, fawzi mellah, jean rouaud, mokhtar sahnoun) et a permis d'aborder diverses questions. d'abord, les obstacles que rencontrent les auteurs tunisiens pour faire connaître leurs textes en l'absence de lectorat, de critique littéraire, de revue permettant d'établir un dialogue et des passerelles entre les travaux des uns et des autres. ensuite, la spécificité de l'écriture romanesque qui, en tant qu'expérience, a un caractère très personnel mais rejoint en même temps l'universel, par-delà les frontières et les particularités liées au contexte, aux langues d'autorité ou de reconnaissance. puis le débat a tourné autour de la langue (le français et l'arabe ayant des légitimités différentes au maghreb), de son rôle (véhicule, souffle, vibration ou vécu?), de son statut (qui lui-même évolue avec le temps). sans compter que chaque auteur apporte à la langue son propre imaginaire, et que les langues ne sont pas des bunkers étanches. de nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité de mieux faire connaître les auteurs tunisiens dont les écrits témoignent d'une réalité complexe, et de renforcer les passages et les liens entre littérature et enseignement. le colloque a pris fin sur cet échange de deux heures entre les romanciers et le public.
L'oeuvre romanesque insère les détails de l'existence dans un cadre qui les dote de sens et qui parvient à rendre aussi bien le fait que l'émotion, tout en jetant une irremplaçable lumière sur les multiples dimensions de l'expérience humaine. elle permet également, selon l'heureuse formule de paul ricoeur, de se connaître «soi-même comme un autre». aujourd'hui, ce mode de connaissance-là a précisément besoin d'être soutenu, car déloger peu à peu la langue, la littérature, s'est accompagné sous nos yeux d'une perte du sens historique et d'une inaptitude à la réflexion. ainsi avonsnous pu observer cette torpeur de l'esprit et cette inculture qui se sont progressivement imposées comme une fatalité. en vue de contribuer à trouver les remèdes à cette situation, en réinjectant du savoir et du sens, et afin d'accomplir la mission qui lui est confiée de «développement de la recherche dans les différents domaine d'activité de l'esprit» (cf. statuts), l'académie tunisienne des sciences des lettres et des arts beït al-hikma a organisé, les 11, 12 et 13 février 2016, un colloque international dont l'intitulé est le suivant: «le roman français et d'expression française contemporain: nouvelles formes, nouveaux rapports à l'histoire». cette rencontre, qui s'est tenue avec la participation d'écrivains confirmés, de critiques et d'universitaires tunisiens et étrangers, a été l'occasion d'une réflexion et d'un échange fécond sur la diversité des pratiques actuelles dans le domaine du roman. durant les deux jours et demi qu'elle a duré, on a tenté de mieux connaître le champ de la littérature romanesque, les dynamiques qui le traversent, les lieux où se situent héritages et ruptures, les formes que revêt l'innovation. ensemble, nous avons interrogé les rapports qui se tissent entre le romancier, libéré du formalisme textualiste, et le réel saisi dans son historicité. mes remerciements vont aux membres du comité scientifique qui ont pensé et organisé avec moi ce colloque et sans lesquels celui-ci 'aurait pas pu aboutir; à dominique viart dont l'apport a été essentiel et qui nous a fourni de précieux repères pour nous orienter dans le riche corpus de la production romanesque allant des années quatre-vingt à nos jours; à béchir garbouj qui a dirigé la table ronde des écrivains et dont la disponibilité et la présence active ont enveloppé nos travaux; à kmar bendana qui m'a fait bénéficier des notes qu'elle a prises au cours de cette même table ronde, ce qui m'a aidée à en rendre compte dans la synthèse figurant à la fin de l'ouvrage. je remercie enfin tout le personnel de l'académie beït al-hikma pour son aimable et diligente écoute et pour son efficacité.
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