Depuis la chute de plusieurs régimes autocratiques dans certains
pays arabes par des peuples que l’on croyait jusqu’à présent
indifférent à la chose publique, relayée par la vague de contestation
planétaire ayant envahi des etats aussi divers que les etats-unis
d’amérique, la grèce, l’espagne, la birmanie etc..., des hommes
et des femmes manifestent et n’hésitent pas à s’engager pour la
défense de certaines valeurs telles que la liberté, la justice et la
dignité.
c’est ainsi qu’à partir du 14 janvier 2011, date de la révolution,
la plupart des tunisiennes et des tunisiens se sont engagés dans un
parti politique ou une association. ce qui nous a incités à choisir
le thème de l’engagement afin d’en clarifier la ou les significations
et d’en mesurer les tenants et les aboutissants.
qu’est-ce qu’on entend par « s’engager » ? pour quelles raisons
éprouve-t-on le désir de s’engager ? quelles finalités se fixe-t-on
en prenant la décision de s’engager ?
les différentes communications proposées par les participants
à ce colloque traitent le concept d’engagement par différents biais
et ce, par rapport aux concepts de devoir, de contrat, de promesse
et également du point de vue de sa dimension individuelle et
collective.
c’est ainsi que michel malherbe montre que si l’engagement
n’est pas un devoir, en ce sens qu’il est contingent, tenir ses
engagements est, en revanche, un devoir.
si l’engagement n’est pas un devoir, serait-il un contrat ?
certains contrats engendrent un engagement limité dans le temps,
alors que d’autres, tel que le mariage religieux, ne peuvent être
rompu. toutefois, contrairement au non respect des termes d’un
contrat, ne pas tenir ses engagements ne peut donner lieu à des
conséquences juridiques ou punitives et l’engagement ne peut se
baser que sur la confiance. il est une simple promesse qui ne peut
être sanctionnée si on y faillit.
cette promesse basée sur la confiance se doit d’être
inconditionnée et dégagée de tout intérêt. elle est un acte de liberté,
qui n’est tout de même pas aveugle. selon malherbe, l’engagement
« est moins une obligation que le sens de la convenance, de l’ordre
des choses ». s’engager devient alors à la fois un acte de liberté et
de jugement.
c’est ce que confirme mélika ouelbani du point de vue de
wittgenstein pour qui l’engagement est à la fois individuel et
social. 11 ne peut y avoir d’engagement s’il n’y a pas les autres
devant lesquels je m’engage. l’engagement se définit comme une
obligation de sincérité, c’est un acte de liberté dans la mesure où je
peux m’engager ou ne pas m’engager, mais une fois l’engagement
pris, je dois me plier aux règles qui le régissent. il s’inscrit forcément
dans un jeu de langage et tout jeu se définit par l’application des
règles qui le constituent. ce qui permet, selon mélika ouelbanin
de faire de l’homme un être d’engagement, en ce sens que « on
ne peut rien dire, rien faire, rien comprendre, rien penser sans être
engagé dans un jeu de langage» car tout passe par le langage et
les formes de vie. les règles lient donc et obligent chacun d’entre
nous, l’engagement devient alors une sorte de contrat tacite qu’il
convient de respecter. ce qui permet de renforcer le point de vue
exposé par michel malherbe, liant le sujet avec les autres et faisant
de l’engagement une question de convenance dans un contexte
donné.