En 2017, un ami, ancien ambassadeur, m'avait convié à des réunions
censées préparer la matière d'un manuel d'histoire destiné aux ambassadeurs
de notre pays en terre étrangère; une histoire de la tunisie ciblée en
quelque sorte, destinée à informer, à faire connaître. يquoiqu'intéressant, susceptible d'être discuté et approfondi, le projet fut malheureusement
remisé sans suite, faute de budget. mais à l'issue de ces réunions, tenues
dans les locaux du magazine leaders, notre hôte, m. taoufik habaieb,
exprima le souhait d'enrichir le sommaire de sa revue, en la dotant
d'une rubrique d'histoire ancienne, et me proposa d'y contribuer. son
insistance amicale, désarmante, eut raison de mes réticences, car je
m'étais longtemps abstenu, des années durant lorsque j'exerçais mon
métier d'enseignant, de suivre l'exemple des collègues qui se répandaient
dans des quotidiens, dont certains justifiaient les préventions hostiles
de l'humoriste george bernard shaw; 'écrivait-il pas qu'un journal
est « une institution incapable defaire la dif.férence entre un accident de
bicyclette et l'e.ffondrement d'une civilisation»?
l'intérêt manifesté pour un premier article sur «l'éradication au maghreb
de la langue et de la culture latines» me persuada, par la suite, de publier
régulièrement dans leaders des articles d'histoire ancienne; pour comprendre
et faire comprendre une époque lointaine, dont les vestiges parsèment
toutes les régions de notre pays, pour pallier des lacunes, traquer et
pourchasser erreurs et aberrations, montrer la diversité et les contrastes
de notre aventure historique, illustrés par la variété de ses cultures, de ses
religions et de ses langues. tout en s'efforçant d'obéir scrupuleusement
aux règles du métier, même si un magazine 'est pas une revue scientifique;
la documentation se devait done d'être solide, et lejargon scientifique
faire place à un récit charpenté. mais les préoccupations de l'heure
pouvaient imposer, parfois, leur contrainte, tant il est vrai que le présent
'est jamais bien loin des préoccupations de l'historien, du choix de
ses sujets. présent qui a imposé, quelquefois, de rapprocher la connaissance du passé, des problèmes et des enjeux du moment. faut-il confesser,
enfin, qu'écrire, se remémorer le passé lointain, permet aussi de s'évader,
d'oublier ne serait-ce qu'un temps une conjoncture nationale devenue
tendue, oppressante, une clésillusion qui perdure et empire.
dans ces mélanges sont réunis une trentaine d'articles qui abordent
des questions et des sujets certes variés et dissemblables, mais qui
respectent néanmoins l'unité de temps (l'antiquité) et celle de l'espace
(la méditerranée). ils sont classés et répartis en cinq rubriques: le
proche-orient antique; carthage et les royaumes numides; rome et
sa province africaine; le fait religieux, les hébreux et le monothéisme;
réflexions et opinions diverses sur la cité antique, la démocratie, !'opinion
publique, l'apolitisme...
en proposant ces articles,je pensais que les questions traitées pouvaient
susciter notre intérêt, et même parfois nous interpeller. en !es rassemblant
dans un livre, j'espère exaucer les væux d'amis, de collègues et de
nombre de mes anciens étudiants