Mots clés

#Savoir historique-langue arabe langues du monde-l’u.g.t.t. الزيتونيّة-epistémologie-didactique المتحقبة--لإنسانيات-juifs tunisiensl’ecole de base-العلويّة دار المعلمين العليا-néo-destour-المشرق العربي-mouvements de jeunes-mobilité estudiantine-l’u.g.e.t.-prolétariat-الحراك الطلابيّ

Etudes D’Histoire Culturelle

Mokhtar Ayachi
Sociologie

Détails de la publication

ISBN
978-9973-37-846-0
Maison d’édition
CPU : Centre de publication universitaire
Collection
Sciences de l’éducation
Date de publication
2015
Nombre des pages
446
Langue
Français

Réflexion d’histoire, culturelle et sur le rapport au savoir historique – mémoire de l’éducation et usages épistémologiques – mouvements de jeunes ou mobilité estudiantine.

Préface

Rassembler des travaux, dont certains sont inédits, éparpillés dans nombre de revues spécialisées et actes de rencontres scientifiques en un seul volume (de plus de 400 p), à thématique conceptuelle, peut rendre d’immenses services aux chercheurs en quête d’exhaustivité des sources. en fait, cette tâche ne se limite pas, loin s’en faut, à rééditer des travaux, pour la plupart anciens, mais bien à leur redonner une nouvelle vie en les revisitant par une remise à niveau systématique. elle est menée en fonction d’approches méthodologiques innovantes ou renouvelées, à la lumière de lectures épistémologiques en histoire et d’un recul temporel d’une longue carrière académique. les vingt-cinq travaux formant la trame du présent volume s’inscrivent tous dans la thématique de l’histoire culturelle avec ses composantes de l’histoire de l’éducation et des mouvements de jeunes en tunisie au cours de la période contemporaine. la trajectoire des travaux de ce corpus scientifique, constitué de maillons d’une chaîne d’idées traitant d’un même champ, dessine les sillages d’une synthèse s’articulant autour des trois axes suivants : 1 – réflexion d’histoire culturelle et sur le rapport au savoir historique, 2 – mémoire de l’éducation et usages épistémologiques, 3 – mouvements de jeunes et mobilité estudiantine. le fil conducteur de cette thématique traitée dans les deux langues (française et arabe) 1mobilise un arsenal conceptuel d’une quinzaine d’outils d’analyse, assez voisins, tels que: l’identité, l’altérité, les valeurs universelles (démocratie,liberté, etc.), les transferts culturels, la société civile, la contestation politique, les savoirs et leur circulation, l’école, l’université, l’enseignement, l’éducation, la modernité, la promotion ou ascension sociale et la mobilité des jeunes.la diffusion des savoirs modernes dans un milieu social fertile au niveau civilisationnel et culturel, n’a pas laissé indifférent un pays héritier d’une histoire écrite de plus de trente deux siècles2. en effet, la situation stratégique de la tunisie entre les deux bassins oriental et occidental de la méditerranée ainsi que ses côtes effilées sur 1400 km font d’elle un pays de circulation permanente de savoirs, de savoir –faire et de voyageurs depuis des temps immémorables. les six alphabets connus dans l’histoire de la tunisie peuvent la qualifier de terre de savoirs, voire d’odyssée de cultures 3 ; ce qui prouve largement son ouverture sur l’altérité ainsi que son enracinement identitaire dans le patrimoine universel. une ambition historique de l’innovation a fait que la tunisie opta dès le début du xixème siècle pour le bilinguisme, voire le multilinguisme, comme alternative à la traduction. en effet, au moment où en egypte des « savants syriens de l’exil » débutèrent par la traduction des classiques grecs de l’iliade et de l’odyssée, l’école réformiste ou moderniste tunisienne ouvrait des institutions d’enseignement moderne diffusant des savoirs dans plusieurs langues, comme le français, l’anglais, l’italien, etc, aux côtés de la langue nationale. cette option culturelle d’ouverture sur le patrimoine de l’altérité a caractérisé la quête du modernisme et de l’universel dans la tunisie contemporaine, dont le référentiel civilisationnel demeure lié, malgré les vicissitudes historiques, à la méditerranée. d’ailleurs, le rapport au savoir, dans le présent travail, en reste pour beaucoup imprégné, comme il l’est également dans son approche au double niveau épistémologique et didactique. quant à la mémoire de l’éducation, elle est appréhendée ici en fonction des usages épistémologiques, c’est-à-dire en rapport avec une problématisation des savoirs historiques touchant aux fonctions et finalités du système éducatif et des contenus scolaires. l’école est saisie notamment dans le contexte d’indépendance nationale, dans son rôle de moyen depromotion et de mutation sociale. la diffusion de l’enseignement public est considérée par l’etat national comme facteur de développement endogène, générateur de progrès à tous les niveaux. l’institution scolaire de la tunisie indépendante est perçue dans sa fonction « providentielle » de développement économique et humain. la fonction de « reproduction sociale », connue dans le contexte des sociétés stratifiées, ne concernera la société tunisienne qu’à partir des années quatre-vingt avec le début du phénomène de la « globalisation4 ». l’enseignement moderne, diffusé en tunisie parcimonieusement pendant la période coloniale, mais à grande échelle à partir de l’indépendance du pays, a constitué pour l’élément national un facteur libérateur de l’indigence et de l’ignorance. il est aussi à l’origine du déclenchement des mouvements de jeunes, en tant que composantes du mouvement de libération nationale et en tant qu’élément dynamique de la société civile. la mobilité de la jeunesse estudiantine a dépassé le cadre des frontières géographiques du pays. en effet, les étudiants tunisiens ont endossé assez tôt leur rôle de « passeurs de rives » ou d’exilés du savoir. l’émigration des zeytouniens5 en orient a débuté dès la veille de la première guerre mondiale, alors que celle de leurs camarades bilingues en occident ou vers la métropole française a débuté essentiellement au lendemain de la grande guerre. cette émigration intellectuelle, vécue dans des conditions de séjours difficiles, n’a fait qu’accélérer davantage la formation d’une conscience patriotique chez cette catégorie de jeunesse instruite mais marginalisée par un système colonial qui la renie, en la refoulant du domaine de la fonction publique. né dans la contestation de l’ordre colonial avec ses inégalités, ce prolétariat intellectuel a formé le terreau des cadres du mouvement de libération nationale et de l’encadrement socioculturel avant de constituer les hauts fonctionnaires de l’etat de l’indépendance6. après un demi-siècle de règne de l’etat national (1956- 2006), un phénomène de contestation de diplômés sans emploi a commencé à s’exprimer, de plus en plus, suite à la massification de la scolarisation, conséquence des projets de diffusion horizontale et verticale de l’enseignement public. un premier mouvement populaire, durement réprimé, a eu lieu au bassin minier (région de gafsa) au mois de décembre 2008. le second, parti deux ans plus tard de sidi bouzid, une autre région voisine caractérisée, elle aussi, par un fort taux de chômage de diplômés de l’enseignement supérieur, s’est étendu comme un incendie vers d’autres régions du pays, annonçant une révolte générale, tel un tsunami. le rôle de la jeunesse instruite, mais sans travail pour la plupart depuisdesannées, a été déterminant dans la chute du régime politique monopartiste qui a gouverné en deux temps depuis 54 ans7. enfin, la diffusion de l’enseignement public, à grande échelle, comme choix stratégique de développement, a généré de profondes mutations durables qui ont transformé la tunisie en un pays émergeant. cependant, l’inadéquation entre la formation et l’emploi ainsi que l’incapacité de l’économie nationale à assimiler ou à absorber l’offre de ressources humaines formées par les universités, en plus d’autres facteurs d’ordre politique, sont à l’origine du soulèvement populaire parti de tunisie, mais qui s’est étendu presqu’à toute la rive sud de la méditerranée. cet événement majeur a été ressenti en tant qu’onde de choc à l’échelle mondiale, bousculant nombre de certitudes et de théories politiques post-guerre froide ou de l’ère de la mondialisation. il annonce ainsi de réelles ruptures libérant l’individu de la peur des dictatures des régimes politiques issus des etats nationaux des indépendances, en faisant entrer les masses dans l’histoire avec des slogans célèbres, tels que 7 « dégage ! » et « le peuple veut la chute du régime ! ».ce qui est nouveau est l’expression de la volonté populaire qui rompt ainsi avec la lecture traditionnelle de l’histoire par le « sommet de la pyramide » et avec les « leaders qui font l’histoire ». désormais, les leaders politiques ont cédé la place, dans l’histoire immédiate (en tunisie du moins) aux masses, passées maîtresses de la rue, annonçant la genèse d’une société civile, renversant définitivement la pyramide classique des représentations sociales. ces mutations profondes annoncent-elles une ère historique nouvelle au sud de la méditerranée, faisant accéder l’individu au rang de la citoyenneté active participant au concert des nations et où l’école et l’éducation sont appelées à reproduireet à consolider ces acquis ?

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