Mots clés

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L’Émirat Aghlabide

TALBI Mohamed
Histoire et géographie Sciences juridiques et politiques

Détails de la publication

ISBN
123-4567-89-123-4
Maison d’édition
L'Académie tunisienne ( Beït al-Hikma )
Collection
Autre
Date de publication
2024
Nombre des pages
775
Langue
Français
Titre Page début Page fin Etat Actions
Introduction 5 16 Published
L'ifriqiya et l'orient avant l'avènement des aghlabides 17 44 Published
La fondation de l’émirat aghlabide 45 130 Published
Les difficultés du nouveau régime et sa CONSOLIDATION 131 216 Published
L’age de la maturité 217 270 Published
Le règne d’ibrâhîm II (261-289/875-902) 271 322 Published
Politique extérieure 323 537 Published
La chute des Aghlabide 538 700 Published
Pages de fin 701 775 Published

Le livre "l'émirat aghlabide (184/860—296/909). histoire politique" de mohammed talbi offre une vue d'ensemble sur l'histoire de l'ifriqiya (tunisie, libye et une partie de l'algérie) et ses relations avec l'orient avant et pendant le règne des aghlabides fin de deuxième et l’or de troisième siècle hégire. il commence par décrire les conditions politiques et géographiques au viiie siècle, en se concentrant sur les politiques fiscales et stratégiques des gouvernements successifs, ainsi que sur la résistance kharidjite, l'évolution des relations arabo-berbères et l'influence de la culture arabo-islamique sur la région. le livre explique également la fragmentation de l'empire abbasside, les raisons de son affaiblissement, et le rôle de la charia et des écoles de pensée sunnites dans le maintien de l'unité du monde islamique. il décrit ensuite la fondation de l'émirat aghlabide, les défis auxquels il a été confronté, y compris les révoltes et les troubles à tripoli et tunis, ainsi que les stratégies pour surmonter ces difficultés et consolider le pouvoir. le livre explore également la période de prospérité des aghlabides, avec des réformes administratives et économiques, leurs relations avec les communautés sunnites, et la répression des rébellions. il met en lumière le règne d'ibrahim ii, marqué par la prospérité mais aussi par des troubles et un déclin en raison des défis économiques, politiques et de la détérioration de la santé mentale d'ibrahim ii. le livre traite des relations extérieures des aghlabides avec bagdad et leurs voisins musulmans comme l'égypte, le maghreb central et les idrissides, ainsi que des conquêtes en sicile et des tentatives d'expansion en italie méridionale. il se termine par une description détaillée de la chute de l'émirat aghlabide due à la désintégration interne et à l'organisation réussie de la révolte chiite menée par la mission fatimide, avec les batailles décisives qui ont conduit à la domination fatimide sur la région. le livre offre une compréhension approfondie des transformations politiques et sociales qui ont façonné l'histoire de l'ifriqiya pendant le règne des aghlabides.

Préface

La tâche de l’historien du haut moyen-age maghrébin est particulièrement malaisée. il ne dispose pour ainsi dire d’aucune source historique vraiment contemporaine des événements. le plus beau monument que nous a légué l’époque aghlabide est une somme « théologique » : la mudawwana de sahnün. on peut citer aussi les ahkdm al-süq de yahyâ b. ‘umar, et d’autres oeuvres de faqîhs de réelle valeur encore manuscrites l certes, les oeuvres de fiqh — nous y reviendrons — sont loin d’être d’un intérêt négligeable. mais elles ne se substituent pas aux chroniques, et aux documents proprement historiques d’une façon générale. ce n’est pas que l’historiographie arabe ne fût pas encore née, ou fût encore à ses premiers balbutiements lorsque les aghlabides émergèrent à la surface de l’histoire. en orient, sous la plume d’al-tabarï (m. 311/922), dont le ta’rïh al-umam wa-l-mulük constitue l’un des plus beaux monuments de toute la littérature historique arabe, elle tendait même déjà à cette époque, avec maturité et sérieux, vers l’exhaustif et l’universel. au même moment abu hanïfa al-dînawarï (m. 282/895-6) composait ses ahbâr al-tiwâl, al-balâdurl (m. avant 302/914-5) ses futûh, et al-ya‘qübî (m. vers 284/897) ses buldân et son ta’rïh. dans toutes ces oeuvres, toutes de qualité et contemporaines des aghlabides, on peut certes puiser d’utiles et souvent inestimables informations. mais, le géographe al-ya‘ qübï excepté, elles ne s’intéressent qu'incidemment à l’ifrïqiya, et, si l’on devait se baser exclusivement sur elles, il serait tout simplement impossible d’écrire l’histoire des aghlabides. il nous faut donc nous tourner vers les historiographes d’occident, même tardifs, et vers les grands compilateurs des siècles postérieurs. les oeuvres d’histoire dues à des plumes ifrïqiyennes contemporaines des événements avaient bien existé, mais elles ne nous sont pas parvenues. elles avaient dû disparaître d’ailleurs depuis bien des siècles déjà, car elles ne semblent pas avoir été directement utilisées par les auteurs des sources qui ont échappé au naufrage. l’une d’elles avait été élaborée par un prince du sang, un fils de ziyâdat allah ii, nommé muhammad. celui-ci fut gouverneur de tripoli, et périt de la main d’ibrâhîm ii en 283/896. homme d’esprit, cultivé, fin, voire raffiné — ibn al-abbâr le qualifie d’adib et de zarïf — il avait composé deuxouvrages littéraires, kitâb râhat al-qalb et kitâb dl-zdhr, ainsi qu’une histoire des aghlabides (ta’rïh banu-l-aglab) x. muhammad b. sahnün (m. 256/870) avait également écrit, nous assure son biographe ‘lyâd 2, une histoire (ta’rïh) en six volumes. les faqïhs de l’époque aghlabide avaient composé aussi d’autres ouvrages, aujourd’hui également perdus, dans lesquels les historiens trouvent généralement une ample moisson d’informations. citons tabaqât dl-ulamâ’, en sept volumes, de muhammad b. sahnün 3 ; kitâb al-mawlid wa-l-wafât, de husayn b. mufarrig (m. 308/920-21) 4 ; kitâb ahmiyat dl-husûn de ÿahyâ b. ‘umar (m. 289/902) 5 ; kitâb al-ahmiya wa vnâ yaÿib ‘alâ ahl dl-husün an ya‘malû bihi, d’abu-1-fadl yüsuf b. masrür (m. 325/936-7) 6 ; et kitâb akriyat al-sufun, de muhammad b.‘umar (m. 310/922-3) 7. la matière de toutes ces oeuvres avait sûrement constitué le fonds où avaient puisé les auteurs du siècle suivant, dont les travaux sont également perdus, à l’exception de l’iftitâh al-da‘iva wa ibtidâ’ al-dawla du cadi kairouanais rallié au chiisme, al-nu‘mân b. hayyün 8 (m. 363/974), et des tabaqât d’abu-1- ‘arab. le ive/xe siècle fut cependant incontestablement l’âge d’or de l’historiographie ifrïqiyenne. c’est durant cette époque que muhammad b. yüsuf al-warrâq 9 (292-363/904-974) avait composé, pour al-mustansir de cordoue, une série de monographies, toutes perdues, intéressant l’histoire du maghreb, ainsi qu’un ouvrage de masâlik qui ne nous est pas parvenu non plus. perdue aussi l’oeuvre historique d’ibn al-gazzâr 10 (m. fort âgé vers 395/1004-1005) qui avait écrit un k. hlagâzï ifrïqiya, un k. ahbâr al-dawla (il s’agit des fatimides), et un k. al-ta: rïf bi-sahïh al-ta ’rïh, dix volumes de notices biographiques. perdu enfin l’ouvrage capital, en plusieurs volumes, d’ibrâhîm b. al-qâsim al-raqïq 11 (m. après 418/1027-1028), ouvrage qui, intitulé ta’rïh ifrïqiya wa-l-magrib, ou ta ’rïh al-qayrawân, était pourtant encore de consultation courante au moment où al-sahâwï (m. 902/1496-1497) rédigeait son i‘ lân. le ta ’rïh d’al-raqïq fut la source fondamentale de tous les historiographes postérieurs, qui malheureusement, comme ils nous enpréviennent, l’abrègent et l’élaguent beaucoup. hélas ! la seule oeuvre de cet auteur qui nous soit parvenue, le qutb al-surür \ est dédiée à bacchus, et ne contient pas du reste une seule ligne intéressant l’ifrïqiya ou le maghreb. le ve/xie siècle nous a légué les précieux masâlik d’al-bakrî 1 2 (m. 487/1094) qui, n’ayant jamais visité le maghreb, met souvent à contribution muhammad b. yüsuf al-warrâq. mais l’essentiel de notre information est puisé dans des compilations plus tardives encore, dans le jsa.mil, de l’oriental ibn al-atïr (m. 630/1233), l’anonyme k.al- uyün, oeuvre sans doute d’un oriental aussi qui cite surtout ibn al-ôazzâr, la huila d’ibn al-abbâr (m. 658/1260), le bayân (rédigé en 706/1306-1307) d’ibn ‘idârî, la nihâya de l’égyptien a\-nuwayrï (m. 732/1331-1332), les ~‘z6ar d’ibn haldün (m. 808/1405-1406), l’zwi'âz d’al-maqrïzï (m. 846/1442-1443), les nuÿüm d’abu-l-mahâsin (m. vers 874/1469-1470), et les a‘ mal d’ibn al-hatîb (m. 776/ 1374). en conclusion nous pouvons donc dire que nous ne disposons pratiquement d’aucune source locale substantielle contemporaine des événements de l’époque dont nous allons retracer l’histoire politique. même l’inestimable iftitâh d’al-qâdî al-nu‘mân, qui intéresse d’ailleurs exclusivement l’insurrection qui renversa les aghlabides, est postérieur d’un demi-siècle aux événements qu’il relate. certes, en raison même de ses fonctions et de son rang, l’auteur avait pu puiser à bonne source, mais il ne peut néanmoins être considéré comme un témoin oculaire de ce qu’il rapporte. un esprit hypercritique renoncerait donc bien vite, dans ces conditions, à s’embarquer pour un si lointain passé avec si peu d’instruments de navigation sûrs. il aurait cependant tort. car si la tâche est incontestablement difficile et malaisée, elle n’est pas irréalisable, et l’aventure est passionnante. il faut évidemment savoir se débrouiller avec les moyens du bord. l’exploration et la découverte du haut moyen-age ifrïqiyen est à ce prix. les textes dont nous disposons sont certes presque tous tardifs, mais ils ne sont pas pour autant forcément sans valeur. précisons tout de suite un fait essentiel : ils ne sont pas le fruit de l’imagination, ils ne sont pas pure invention. leurs auteurs, compilateurs généralement sérieux, avaient travaillé avec une conscience égale à celle des muhaddit. us avaient en général fait oeuvre, à leur manière, d’éditeurs de textes anciens. us indiquent le plus souvent leurs sources, et chaque fois que l’on a pu procéder à des vérifications, celles-ci ont révélé l’intégrité avec laquelle ils copiaient ou résumaient. ils nous ont donc dans l’ensemble abrégé, ou conservé partiellement, des documents plus anciens aujourd’hui perdus. le kâmilfi-l-ta ’rîh constitue, comme son nom l’indique, une somme historique où l’auteur a fondu, d’une façon fort intelligente, des éléments puisés à diverses sources. ibn al-atïr y met à contribution, pour remplir les espaces réservés, dans sa fresque, aux aghlabides, deux auteurs également engagés, mais en sens opposés : le chiite al-raqïq, et l’anti-chiite abu muhammad ‘abd al-‘azïz b. saddâd 1 (m. après 582/1186), un descendant, émigré en orient, de l’émir zîrïde bâdïs (386-406/996-1016), et auteur du k. al-gam‘ wa-l-bayân fi ahbâr al-qayrawân wafi man fïhâ wafi sâ ’ir bilâd al-magrib min al-mulûk wa-l-a‘yân, ainsi que d’une chronique de la sicile. ibn al-abbâr aussi se base sur al-raqïq, tout en faisant appel également à d’autres sources : al-wakïl, auteur d’al-mu‘rib fi ahbâr al-magrib {huila, pp. 197 et 225) ; al-nawfalï (huila, p. 200) ; et abu bakr al-râzî huila, p. 201). la source essentielle du bayân d’ibn ‘idârï est également al-raqïq, mais l’auteur utilise aussi amplement l’oeuvre de muhammad b. yûsuf al-warrâq, de tendance antichiite. on retrouve enfin al-raqïq à la base de l’information d’ibn haldûn — qui démarque aussi souvent ibn al-atïr — d’al-nuwayrï et d’ibn al-hatïb. ainsi, l’oeuvre de ce secrétaire des zirides semble avoir joui d’un prestige immense et avoir été très répandue aussi bien au maghreb qu’en orient, ou en espagne, ce qui rend sa disparition, à une date relativement récente, d’autant plus mystérieuse et regrettable. car nos compilateurs, s’ils citent fidèlement, ils ne citent pas tout. là est le revers de la médaille. tous les auteurs de sommes historiques nous font part sans exception de leur souci de faire court, de ne pas surcharger leurs oeuvres, fresques aux vastes proportions, d’économiser le temps et les efforts du lecteur, et d’abréger tant et plus 2. comment procèdent-ils ? certes ibn al-atïr recompose et réécrit. mais la plupart des compilateurs ont pour méthode celle des ciseaux et du pot de colle. or leurs ciseaux ne sont pas seulement maladroits, ils sont aussi engagés, lorsqu’ils n’obéissent pas plus simplement au souci de piquer la curiosité du lecteur et de le distraire, souci qui nous prive souvent de l’essentiel au profit de l’anecdotique. il est rare en effet que l’historiographe médiéval ne soit pas aussi peu ou prou adîb. il est rare aussi, sans parler de partialité, qu’il ne soit pas engagé, qu’il ne soit pas au service d’une école ou d’une dynastie. ibn al-atïr, qui vécut sous les ayyubides, était lié aux atabegs de mossoul ; ibn haldûn avait ses idées et ses options ; et al-nuwayrï avait aussi comme tout un chacunses préférences et son optique. cette diversité de goûts et d’options, eu égard à la disparition des sources d’information directe, disparition que nous ne pouvons évidemment que déplorer, mais à laquelle il nous faut bien quand même nous résigner, est une relative bénédiction. les coups de ciseaux ne s’exercèrent pas tous ainsi aux mêmes endroits. certes, notre information se trouve dès lors constituée de pièces et de morceaux, pas toujours heureusement ajustés, et encore moins heureusement découpés. mais la mosaïque bigarrée qui nous est offerte, mosaïque sur laquelle se profilent les taches sombres des cubes à jamais disparus ou déplacés, laisse quand même à la sagacité et à l’esprit critique de l’historien la possibilité de s’exercer. et un homme averti est toujours déjà à moitié sauvé. c’est le lot de l’historien du haut moyen age musulman de travailler un peu dans les mêmes conditions que son confrère archéologue. il doit, à partir de fragments plus ou moins nombreux et plus ou moins bien conservés, tenter de reconstituer les poteries cassées du passé, poteries rendues méconnaissables par l’érosion des hommes et du temps. d’où la nécessité de nous entourer de toutes sortes de précautions, c’est-à-dire de ne négliger aucune possibilité, aussi infime soit-elle, de diversifier, de recouper, et de contrôler notre information. les petites gouttes font les grandes rivières. or ces gouttes, lorsqu’on veut se donner la peine de les collecter toutes, sont quand même assez nombreuses. nous disposons, dans des proportions variables, de quatre familles spirituelles de sources. en dehors des sources sunnites — nous venons de passer en revue les plus importantes parmi elles — celles dues à des plumes chiites commencent enfin à émerger de l’ombre qui les avait longtemps soustraites à l’investigation des chercheurs. a part l’iftitâh d’al-qâdï al-nu‘ mân, oeuvre d’une incomparable valeur qui fut souvent reproduite par les historiens postérieurs, on peut citer, du même auteur, a s as al-ta ’wïl, et k. al-himma ; ainsi que sirat al-hâgib ga‘far, de muhammad b. muhammad al-yamânï, et k. istitâr al-imâm, de muhammad b. ahmad al-nïsâbürl l les sources hârigites ont trouvé dans t. lewicki, le meilleur spécialiste vivant du hârigisme maghrébin, un chaleureux avocat. leur intérêt est sûrement loin d’être négligeable. elles permettent surtout de reconstituer le climat psycho-social, et de pénétrer les mentalités d’une large fraction des acteurs du drame. mais leur valeur strictement informative a été très largement surfaite. a part les ahbâr al-lïustumiyyîn d’ibn al-sagïr 1 2, qui vécut sous l’imam abu-l-yaqzân (m. 281/894-895), et dont l’ouvrage, d’une grande densité, intéresse surtout tâhart ; à part aussi k. al-sîra wa ahbâr al-ayimma d’abu zakariyâ’ 1 (ni. vers la fin du ve/xie siècle) ; la littérature hârigite de caractère historique est surtout composée de tabaqât, tels le k. tabaqât al-maéâyih d’al-dargïnï 2 (m. après 650/1252-1253), encore inédit ; et surtout le k. al-siyar d’al-sammâhi 3 (m. 928/1521-1522), en appendice duquel est publiée une liste anonyme desayh wahbites intitulée dikr asmâ' ba‘d suyüh al-wahbiya. a l’usage les sources hârigites — mise à part leur valeur certaine pour l’histoire de la vie religieuse et intellectuelle, elle-même inséparable de celle de l’ambiance sociale et mentale — se révèlent assez décevantes pour suivre le cours des événements politiques et comprendre leur développement. la part d’édification, à grand renfort de miracles et de légendes apologétiques, constitue la trame essentielle de ces oeuvres, même lorsqu’il s’agit d’une chronique, en principe consacrée aux événements historiques, comme celle d’abu zakariyâ’. ii suffit, pour s’en convaincre, de considérer ce que devient, sous la plume de cet auteur, l’histoire du mahdï : tout simplement un roman édifiant de chevalerie et d’amour. dans les sources hârigites les dates et les noms de lieux sont aussi bien rares, sinon totalement absents, et lorsqu’un auteur, comme al-sammâhï, éprouve le besoin de rapporter un événement, pourtant capital pour sa secte, telle la bataille de mânû (283/896) qui détruisit la puissance des nafûsa, il n’a d’autre recours que de puiser dans le fonds commun de tous les historiographes postérieurs : le ta ’rïh d’al-raqïq. plus intéressantes sont les sources chrétiennes, pour éclairer surtout la politique extérieure des aghlabides, marquée particulièrement par la conquête de la sicile et par les expéditions en italie méridionale. connues depuis longtemps, ces sources ont été largement exploitées par m. amari, j. gay, vasiliev, et d’autres encore. elles ont pu cependant bénéficier quelquefois de nouvelles éditions qui en rendent l’utilisation plus profitable et plus sûre. une mention particulière doit être faite, à ce propos, de l’excellente édition dont a bénéficié le liber pontificalis, auquel l’abbé l. duchesne avait consacré sa carrière et une érudition sans égal. les documents dont dispose l’hitorien des aghlabides ne sont pas seulement l’expression de diverses tendances idéologiques ; ils représentent aussi des genres suffisamment variés et indépendants les uns des autres pour lui permettre de procéder à des recoupements fort utiles, et de varier les angles de prise de vues. a côté des géographes que nous avons cités, al-ya‘qübï et al-bakrï, il faut faire une place particulière au k. sûrat dl-ard du chiite ibn hawqal (ive/xe siècle) qui, quoique tardif pour notre époque, peut être utilisé avec certaines précautions. il faut aussi souligner l’intérêt des ouvrages de notices biographiques, des tabaqât d’abu-l-‘arab (m. 333/944-945), des riyâd d’al-mâlikï (ve/xie siècle), et des madârik de ‘lyâd (m. 544/1149),sur l’importance desquels nous avons déjà assez insisté, dans notre édition des biographies aghlabides empruntées à ce dernier recueil, pour ne pas y revenir ici. l’attention des chercheurs doit être aussi attirée sur l’intérêt capital des oeuvres de fiqh, souvent injustement dédaignées. les traités des hérésiographes, tels les maqâlât d’al‘aâ: ‘ari (m. 324/934-935), les firaq al-èî‘a de sa‘d b. ‘abd allah al-qummi (m. vers 301/913), ou le farq d’al-bagdâdï (m. 429/1037), ; ainsi que les recueils de responsa, tels les nawâdir d’ibn abi zayd (m. 386/996), sont d’une importance essentielle, non tellement pour y puiser des faits précis — quoique ces faits n’y manquent pas quelquefois — mais pour y découvrir surtout la dimension idéologique sans laquelle l’histoire ne serait au mieux qu’un drame absurde joué par des pantins mus par de mystérieux ressorts. en somme toute source d’information a son intérêt. il suffit de savoir le découvrir. ainsi la numismatique ne nous a pas seulement apporté un appoint appréciable de renseignement ou de contrôle, elle nous a permis aussi quelquefois de trancher de délicats problèmes de chronologie. en résumé la nature de la documentation dont dispose l’historien du haut moyen-age ifrïqiyen rend sa tâche incontestablement ardue, et ne lui permet pas de résoudre toutes les énigmes. mais y a-t-il un passé qui livre tous ses secrets ? y a-t-il une documentation parfaite ? celle dont nous disposons, utilisée avec prudence et discernement, nous permet, en naviguant avec une marge de sécurité suffisante, entre les récifs, d’explorer assez profondément je lointain passé dont nous avons fait l’objet de notre étude.

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