S’agissant de françois rouan, parler du geste du corps et de l’empreinte ne consiste pas à parler seulement d’une oeuvre en particulier. c’est au contraire évoquer la relation multilatérale de l'artiste au monde et aux objets qui l'entourent et sollicitent son attention. c'est aussi évoquer sa posture dans l’art et d'une certaine façon dans son époque qui est la nôtre. par ces données, rouan nous parait en effet, répondre entre autre au questionnement contemporain sur l’art, au doute et à la suspicion dont celui-ci a été et est encore l’objet par les uns ou par les autres. et autour d’elles, c’est toute sa pensée et son oeuvre qui se trouvent articulées. comme chacun sait, le questionnement, le doute et la suspicion se sont exprimés notamment à la fin du siècle sortant en termes de « crise » et de « fin » de l’art. or rouan figure parmi ceux qui se sont donné la tâche d’y répondre de la façon la plus riche, la plus diverse mais surtout la plus singulière. une façon qui conjugue notamment une expérience de la matière esthétique mais aussi une éthique individuelle. c’est cette façon plurielle de faire et de penser qui occupe notre intérêt ici et que nous envisageons d’étudier tout au long de ce travail. la crise ou la fin de l’art aujourd’hui même où l’on croirait épuisé le débat sur l’art, sur son devenir et notamment sur sa « fin », il est encore des voix qui se croisent et se contredisent à ce sujet. ainsi que signalé, cette polémique est un événement marquant de l’histoire contemporaine. de fait, entre philosophes, esthéticiens et historiens de l’art, l’opinion demeure divisée à ce sujet. les uns fidèlement hégéliens déplorent un art finissant dans un monde qui a cessé de croire au « vrai » et au « beau »; d’autres, antiidéalistes, contestent le catastrophisme des premiers et signalent la renaissance de l’art tel un phénix de ses cendres. pensons, en l’occurrence au français yves michaud et à son ouvrage : la crise de l’art contemporain2, et aussi au philosophe américai
