La tâche de l’historien du haut moyen-age maghrébin est particulièrement
malaisée. il ne dispose pour ainsi dire d’aucune source historique
vraiment contemporaine des événements. le plus beau monument
que nous a légué l’époque aghlabide est une somme « théologique
» : la mudawwana de sahnün. on peut citer aussi les ahkdm
al-süq de yahyâ b. ‘umar, et d’autres oeuvres de faqîhs de réelle
valeur encore manuscrites l certes, les oeuvres de fiqh — nous y reviendrons
— sont loin d’être d’un intérêt négligeable. mais elles ne se
substituent pas aux chroniques, et aux documents proprement historiques
d’une façon générale.
ce n’est pas que l’historiographie arabe ne fût pas encore née, ou fût
encore à ses premiers balbutiements lorsque les aghlabides émergèrent
à la surface de l’histoire. en orient, sous la plume d’al-tabarï
(m. 311/922), dont le ta’rïh al-umam wa-l-mulük constitue l’un des
plus beaux monuments de toute la littérature historique arabe, elle
tendait même déjà à cette époque, avec maturité et sérieux, vers l’exhaustif
et l’universel. au même moment abu hanïfa al-dînawarï
(m. 282/895-6) composait ses ahbâr al-tiwâl, al-balâdurl (m. avant
302/914-5) ses futûh, et al-ya‘qübî (m. vers 284/897) ses buldân et son
ta’rïh. dans toutes ces oeuvres, toutes de qualité et contemporaines
des aghlabides, on peut certes puiser d’utiles et souvent inestimables
informations. mais, le géographe al-ya‘ qübï excepté, elles ne s’intéressent
qu'incidemment à l’ifrïqiya, et, si l’on devait se baser exclusivement
sur elles, il serait tout simplement impossible d’écrire l’histoire
des aghlabides. il nous faut donc nous tourner vers les historiographes
d’occident, même tardifs, et vers les grands compilateurs des siècles
postérieurs.
les oeuvres d’histoire dues à des plumes ifrïqiyennes contemporaines
des événements avaient bien existé, mais elles ne nous sont pas parvenues.
elles avaient dû disparaître d’ailleurs depuis bien des siècles
déjà, car elles ne semblent pas avoir été directement utilisées par les
auteurs des sources qui ont échappé au naufrage. l’une d’elles avait
été élaborée par un prince du sang, un fils de ziyâdat allah ii, nommé
muhammad. celui-ci fut gouverneur de tripoli, et périt de la main
d’ibrâhîm ii en 283/896. homme d’esprit, cultivé, fin, voire raffiné
— ibn al-abbâr le qualifie d’adib et de zarïf — il avait composé deuxouvrages littéraires, kitâb râhat al-qalb et kitâb dl-zdhr, ainsi qu’une
histoire des aghlabides (ta’rïh banu-l-aglab) x. muhammad b.
sahnün (m. 256/870) avait également écrit, nous assure son biographe
‘lyâd 2, une histoire (ta’rïh) en six volumes. les faqïhs de l’époque
aghlabide avaient composé aussi d’autres ouvrages, aujourd’hui également
perdus, dans lesquels les historiens trouvent généralement une
ample moisson d’informations. citons tabaqât dl-ulamâ’, en sept
volumes, de muhammad b. sahnün 3 ; kitâb al-mawlid wa-l-wafât,
de husayn b. mufarrig (m. 308/920-21) 4 ; kitâb ahmiyat dl-husûn
de ÿahyâ b. ‘umar (m. 289/902) 5 ; kitâb al-ahmiya wa vnâ yaÿib
‘alâ ahl dl-husün an ya‘malû bihi, d’abu-1-fadl yüsuf b. masrür
(m. 325/936-7) 6 ; et kitâb akriyat al-sufun, de muhammad b.‘umar
(m. 310/922-3) 7.
la matière de toutes ces oeuvres avait sûrement constitué le fonds où
avaient puisé les auteurs du siècle suivant, dont les travaux sont également
perdus, à l’exception de l’iftitâh al-da‘iva wa ibtidâ’ al-dawla
du cadi kairouanais rallié au chiisme, al-nu‘mân b. hayyün 8
(m. 363/974), et des tabaqât d’abu-1- ‘arab. le ive/xe siècle fut cependant
incontestablement l’âge d’or de l’historiographie ifrïqiyenne.
c’est durant cette époque que muhammad b. yüsuf al-warrâq 9
(292-363/904-974) avait composé, pour al-mustansir de cordoue, une
série de monographies, toutes perdues, intéressant l’histoire du
maghreb, ainsi qu’un ouvrage de masâlik qui ne nous est pas parvenu
non plus. perdue aussi l’oeuvre historique d’ibn al-gazzâr 10 (m. fort
âgé vers 395/1004-1005) qui avait écrit un k. hlagâzï ifrïqiya, un
k. ahbâr al-dawla (il s’agit des fatimides), et un k. al-ta: rïf bi-sahïh
al-ta ’rïh, dix volumes de notices biographiques. perdu enfin l’ouvrage
capital, en plusieurs volumes, d’ibrâhîm b. al-qâsim al-raqïq 11
(m. après 418/1027-1028), ouvrage qui, intitulé ta’rïh ifrïqiya
wa-l-magrib, ou ta ’rïh al-qayrawân, était pourtant encore de consultation
courante au moment où al-sahâwï (m. 902/1496-1497) rédigeait
son i‘ lân. le ta ’rïh d’al-raqïq fut la source fondamentale de tous les
historiographes postérieurs, qui malheureusement, comme ils nous enpréviennent, l’abrègent et l’élaguent beaucoup. hélas ! la seule
oeuvre de cet auteur qui nous soit parvenue, le qutb al-surür \ est
dédiée à bacchus, et ne contient pas du reste une seule ligne intéressant
l’ifrïqiya ou le maghreb.
le ve/xie siècle nous a légué les précieux masâlik d’al-bakrî 1 2
(m. 487/1094) qui, n’ayant jamais visité le maghreb, met souvent à
contribution muhammad b. yüsuf al-warrâq. mais l’essentiel de notre
information est puisé dans des compilations plus tardives encore, dans
le jsa.mil, de l’oriental ibn al-atïr (m. 630/1233), l’anonyme k.al- uyün,
oeuvre sans doute d’un oriental aussi qui cite surtout ibn al-ôazzâr,
la huila d’ibn al-abbâr (m. 658/1260), le bayân (rédigé en
706/1306-1307) d’ibn ‘idârî, la nihâya de l’égyptien a\-nuwayrï
(m. 732/1331-1332), les ~‘z6ar d’ibn haldün (m. 808/1405-1406),
l’zwi'âz d’al-maqrïzï (m. 846/1442-1443), les nuÿüm d’abu-l-mahâsin
(m. vers 874/1469-1470), et les a‘ mal d’ibn al-hatîb (m. 776/
1374).
en conclusion nous pouvons donc dire que nous ne disposons pratiquement
d’aucune source locale substantielle contemporaine des événements
de l’époque dont nous allons retracer l’histoire politique. même
l’inestimable iftitâh d’al-qâdî al-nu‘mân, qui intéresse d’ailleurs
exclusivement l’insurrection qui renversa les aghlabides, est postérieur
d’un demi-siècle aux événements qu’il relate. certes, en raison même
de ses fonctions et de son rang, l’auteur avait pu puiser à bonne source,
mais il ne peut néanmoins être considéré comme un témoin oculaire
de ce qu’il rapporte. un esprit hypercritique renoncerait donc bien
vite, dans ces conditions, à s’embarquer pour un si lointain passé avec
si peu d’instruments de navigation sûrs. il aurait cependant tort. car
si la tâche est incontestablement difficile et malaisée, elle n’est pas
irréalisable, et l’aventure est passionnante. il faut évidemment savoir
se débrouiller avec les moyens du bord. l’exploration et la découverte
du haut moyen-age ifrïqiyen est à ce prix.
les textes dont nous disposons sont certes presque tous tardifs,
mais ils ne sont pas pour autant forcément sans valeur. précisons tout
de suite un fait essentiel : ils ne sont pas le fruit de l’imagination, ils
ne sont pas pure invention. leurs auteurs, compilateurs généralement
sérieux, avaient travaillé avec une conscience égale à celle des muhaddit.
us avaient en général fait oeuvre, à leur manière, d’éditeurs de textes
anciens. us indiquent le plus souvent leurs sources, et chaque fois que
l’on a pu procéder à des vérifications, celles-ci ont révélé l’intégrité avec laquelle ils copiaient ou résumaient. ils nous ont donc dans l’ensemble
abrégé, ou conservé partiellement, des documents plus anciens
aujourd’hui perdus.
le kâmilfi-l-ta ’rîh constitue, comme son nom l’indique, une somme
historique où l’auteur a fondu, d’une façon fort intelligente, des éléments
puisés à diverses sources. ibn al-atïr y met à contribution, pour
remplir les espaces réservés, dans sa fresque, aux aghlabides, deux
auteurs également engagés, mais en sens opposés : le chiite al-raqïq, et
l’anti-chiite abu muhammad ‘abd al-‘azïz b. saddâd 1 (m. après
582/1186), un descendant, émigré en orient, de l’émir zîrïde bâdïs
(386-406/996-1016), et auteur du k. al-gam‘ wa-l-bayân fi ahbâr
al-qayrawân wafi man fïhâ wafi sâ ’ir bilâd al-magrib min al-mulûk
wa-l-a‘yân, ainsi que d’une chronique de la sicile. ibn al-abbâr aussi
se base sur al-raqïq, tout en faisant appel également à d’autres
sources : al-wakïl, auteur d’al-mu‘rib fi ahbâr al-magrib {huila,
pp. 197 et 225) ; al-nawfalï (huila, p. 200) ; et abu bakr al-râzî
huila, p. 201). la source essentielle du bayân d’ibn ‘idârï est
également al-raqïq, mais l’auteur utilise aussi amplement l’oeuvre de
muhammad b. yûsuf al-warrâq, de tendance antichiite. on retrouve
enfin al-raqïq à la base de l’information d’ibn haldûn — qui démarque
aussi souvent ibn al-atïr — d’al-nuwayrï et d’ibn al-hatïb.
ainsi, l’oeuvre de ce secrétaire des zirides semble avoir joui d’un
prestige immense et avoir été très répandue aussi bien au maghreb
qu’en orient, ou en espagne, ce qui rend sa disparition, à une date
relativement récente, d’autant plus mystérieuse et regrettable.
car nos compilateurs, s’ils citent fidèlement, ils ne citent pas tout.
là est le revers de la médaille. tous les auteurs de sommes historiques
nous font part sans exception de leur souci de faire court, de ne pas
surcharger leurs oeuvres, fresques aux vastes proportions, d’économiser
le temps et les efforts du lecteur, et d’abréger tant et plus 2. comment
procèdent-ils ? certes ibn al-atïr recompose et réécrit. mais la plupart
des compilateurs ont pour méthode celle des ciseaux et du pot de colle.
or leurs ciseaux ne sont pas seulement maladroits, ils sont aussi engagés,
lorsqu’ils n’obéissent pas plus simplement au souci de piquer la
curiosité du lecteur et de le distraire, souci qui nous prive souvent de
l’essentiel au profit de l’anecdotique. il est rare en effet que l’historiographe
médiéval ne soit pas aussi peu ou prou adîb. il est rare aussi,
sans parler de partialité, qu’il ne soit pas engagé, qu’il ne soit pas au
service d’une école ou d’une dynastie. ibn al-atïr, qui vécut sous les
ayyubides, était lié aux atabegs de mossoul ; ibn haldûn avait ses
idées et ses options ; et al-nuwayrï avait aussi comme tout un chacunses préférences et son optique. cette diversité de goûts et d’options,
eu égard à la disparition des sources d’information directe, disparition
que nous ne pouvons évidemment que déplorer, mais à laquelle il nous
faut bien quand même nous résigner, est une relative bénédiction. les
coups de ciseaux ne s’exercèrent pas tous ainsi aux mêmes endroits.
certes, notre information se trouve dès lors constituée de pièces et de
morceaux, pas toujours heureusement ajustés, et encore moins heureusement
découpés. mais la mosaïque bigarrée qui nous est offerte, mosaïque
sur laquelle se profilent les taches sombres des cubes à jamais
disparus ou déplacés, laisse quand même à la sagacité et à l’esprit critique
de l’historien la possibilité de s’exercer. et un homme averti est
toujours déjà à moitié sauvé. c’est le lot de l’historien du haut moyen
age musulman de travailler un peu dans les mêmes conditions que son
confrère archéologue. il doit, à partir de fragments plus ou moins nombreux
et plus ou moins bien conservés, tenter de reconstituer les poteries
cassées du passé, poteries rendues méconnaissables par l’érosion des
hommes et du temps.
d’où la nécessité de nous entourer de toutes sortes de précautions,
c’est-à-dire de ne négliger aucune possibilité, aussi infime soit-elle, de
diversifier, de recouper, et de contrôler notre information. les petites
gouttes font les grandes rivières. or ces gouttes, lorsqu’on veut se
donner la peine de les collecter toutes, sont quand même assez nombreuses.
nous disposons, dans des proportions variables, de quatre familles
spirituelles de sources. en dehors des sources sunnites — nous venons
de passer en revue les plus importantes parmi elles — celles dues à des
plumes chiites commencent enfin à émerger de l’ombre qui les avait
longtemps soustraites à l’investigation des chercheurs. a part l’iftitâh
d’al-qâdï al-nu‘ mân, oeuvre d’une incomparable valeur qui fut souvent
reproduite par les historiens postérieurs, on peut citer, du même auteur,
a s as al-ta ’wïl, et k. al-himma ; ainsi que sirat al-hâgib ga‘far, de
muhammad b. muhammad al-yamânï, et k. istitâr al-imâm, de
muhammad b. ahmad al-nïsâbürl l les sources hârigites ont trouvé
dans t. lewicki, le meilleur spécialiste vivant du hârigisme maghrébin,
un chaleureux avocat. leur intérêt est sûrement loin d’être négligeable.
elles permettent surtout de reconstituer le climat psycho-social,
et de pénétrer les mentalités d’une large fraction des acteurs du drame.
mais leur valeur strictement informative a été très largement surfaite.
a part les ahbâr al-lïustumiyyîn d’ibn al-sagïr 1 2, qui vécut sous
l’imam abu-l-yaqzân (m. 281/894-895), et dont l’ouvrage, d’une grande
densité, intéresse surtout tâhart ; à part aussi k. al-sîra wa ahbâr al-ayimma d’abu zakariyâ’ 1 (ni. vers la fin du ve/xie siècle) ; la
littérature hârigite de caractère historique est surtout composée de
tabaqât, tels le k. tabaqât al-maéâyih d’al-dargïnï 2 (m. après
650/1252-1253), encore inédit ; et surtout le k. al-siyar d’al-sammâhi 3
(m. 928/1521-1522), en appendice duquel est publiée une liste anonyme
desayh wahbites intitulée dikr asmâ' ba‘d suyüh al-wahbiya. a l’usage
les sources hârigites — mise à part leur valeur certaine pour l’histoire
de la vie religieuse et intellectuelle, elle-même inséparable de celle de
l’ambiance sociale et mentale — se révèlent assez décevantes pour
suivre le cours des événements politiques et comprendre leur développement.
la part d’édification, à grand renfort de miracles et de
légendes apologétiques, constitue la trame essentielle de ces oeuvres,
même lorsqu’il s’agit d’une chronique, en principe consacrée aux événements
historiques, comme celle d’abu zakariyâ’. ii suffit, pour s’en
convaincre, de considérer ce que devient, sous la plume de cet auteur,
l’histoire du mahdï : tout simplement un roman édifiant de chevalerie
et d’amour. dans les sources hârigites les dates et les noms de lieux
sont aussi bien rares, sinon totalement absents, et lorsqu’un auteur,
comme al-sammâhï, éprouve le besoin de rapporter un événement,
pourtant capital pour sa secte, telle la bataille de mânû (283/896) qui
détruisit la puissance des nafûsa, il n’a d’autre recours que de puiser
dans le fonds commun de tous les historiographes postérieurs : le
ta ’rïh d’al-raqïq. plus intéressantes sont les sources chrétiennes, pour
éclairer surtout la politique extérieure des aghlabides, marquée particulièrement
par la conquête de la sicile et par les expéditions en italie
méridionale. connues depuis longtemps, ces sources ont été largement
exploitées par m. amari, j. gay, vasiliev, et d’autres encore. elles ont
pu cependant bénéficier quelquefois de nouvelles éditions qui en rendent
l’utilisation plus profitable et plus sûre. une mention particulière
doit être faite, à ce propos, de l’excellente édition dont a bénéficié le
liber pontificalis, auquel l’abbé l. duchesne avait consacré sa carrière
et une érudition sans égal.
les documents dont dispose l’hitorien des aghlabides ne sont pas
seulement l’expression de diverses tendances idéologiques ; ils représentent
aussi des genres suffisamment variés et indépendants les uns
des autres pour lui permettre de procéder à des recoupements fort
utiles, et de varier les angles de prise de vues. a côté des géographes
que nous avons cités, al-ya‘qübï et al-bakrï, il faut faire une place
particulière au k. sûrat dl-ard du chiite ibn hawqal (ive/xe siècle)
qui, quoique tardif pour notre époque, peut être utilisé avec certaines précautions. il faut aussi souligner l’intérêt des ouvrages de notices
biographiques, des tabaqât d’abu-l-‘arab (m. 333/944-945), des riyâd
d’al-mâlikï (ve/xie siècle), et des madârik de ‘lyâd (m. 544/1149),sur
l’importance desquels nous avons déjà assez insisté, dans notre édition
des biographies aghlabides empruntées à ce dernier recueil, pour ne pas
y revenir ici. l’attention des chercheurs doit être aussi attirée sur
l’intérêt capital des oeuvres de fiqh, souvent injustement dédaignées.
les traités des hérésiographes, tels les maqâlât d’al‘aâ: ‘ari
(m. 324/934-935), les firaq al-èî‘a de sa‘d b. ‘abd allah al-qummi
(m. vers 301/913), ou le farq d’al-bagdâdï (m. 429/1037), ; ainsi que
les recueils de responsa, tels les nawâdir d’ibn abi zayd (m. 386/996),
sont d’une importance essentielle, non tellement pour y puiser des
faits précis — quoique ces faits n’y manquent pas quelquefois — mais
pour y découvrir surtout la dimension idéologique sans laquelle l’histoire
ne serait au mieux qu’un drame absurde joué par des pantins mus
par de mystérieux ressorts. en somme toute source d’information a
son intérêt. il suffit de savoir le découvrir. ainsi la numismatique ne
nous a pas seulement apporté un appoint appréciable de renseignement
ou de contrôle, elle nous a permis aussi quelquefois de trancher de
délicats problèmes de chronologie.
en résumé la nature de la documentation dont dispose l’historien
du haut moyen-age ifrïqiyen rend sa tâche incontestablement ardue,
et ne lui permet pas de résoudre toutes les énigmes. mais y a-t-il un
passé qui livre tous ses secrets ? y a-t-il une documentation parfaite ?
celle dont nous disposons, utilisée avec prudence et discernement, nous
permet, en naviguant avec une marge de sécurité suffisante, entre les
récifs, d’explorer assez profondément je lointain passé dont nous avons
fait l’objet de notre étude.